A-Infos (fr) Union Communiste Libertaire (UCL) - Cyclone à Mayotte: Un désastre humain, une responsabilité coloniale

Le 14 décembre, le cyclone Chido a atteint l'archipel de Mayotte avec 
des rafales de vent de plus de 220 km/h, du jamais vu depuis 
quatre-vingt-dix ans. L'île connaît une catastrophe humanitaire sans 
précédent: plusieurs centaines voire milliers de mort-es sont à prévoir 
malgré une absence de bilan jusqu'à présent, 1 personne sur 3 est 
désormais sans-abri, et les habitant-es se retrouvent sans eau, sans 
nourriture, sans accès au soin et coupé-es du monde puisque jusqu'ici 
les appels pouvaient fonctionner uniquement à la préfecture, 
Mamoudzou**,** tandis que les moyens déployés par l'Etat français ne 
sont pas à la hauteur, sont très lents à arriver, et trahissent d'une 
responsabilité plus grande. ---- De façon assez classique avec les 
colonies françaises le problème est géré par les ministres de 
l'Intérieur, dans la pure continuité des administrations coloniales 
gérées par l'armée. Malgré la catastrophe, le Premier ministre a quitté 
la conférence de presse sur la question, laissant Retailleau répondre 
aux questions alors même que l'Outre-mer est le portefeuille du Premier 
ministre dans le gouvernement de Barnier, encore en fonctionnement.

Une réponse sécuritaire et raciste

Rapidement, des accusations en pillage ont été lancées par divers 
élu·es. Alors même que la priorité devrait être donnée au secours et à 
leurs besoins pour aider au mieux les populations, ce sont les services 
de police et le syndicat d'extrême droite Alliance qui prennent la parole.

En agitant la menace de pillages, puis en accusant les migrant-es du 
potentiel bilan humain, la position de Retailleau est claire: le 
problème est un problème d'immigration, qu'il faut régler au plus vite 
avec des forces de répression, la mise en place d'un couvre feu, l'envoi 
de militaires. On peut s'attendre à ce que, comme en Louisiane, la 
priorité soit donnée au sauvetage des personnes blanches et des 
personnes aisées. Comme annoncé à plusieurs reprises, la seule 
préoccupation de l'Etat sera l'ordre, et ce avant les blessé-es, avant 
les mort-es, avant les risques d'épidémies, avant les sans-abri, avant 
le manque d'eau ou de nourriture,...

Vers une intensification des catastrophes naturelles

Le GIEC et les militant-es écologistes alertent depuis des décennies sur 
le fait que le dérèglement climatique va amener des castrophes de plus 
en plus extrêmes et dévastatrices. On savait que le jour où Mayotte 
serait frappée par un cyclone, se serait un massacre. Même si les 
cyclones passent généralement sur Madagascar ou au Mozambique et 
épargnant Mayotte, visiblement l'ampleur de celui-ci n'a pas été 
anticipé par les autorités françaises et les habitant-es n'ont pas été 
mis-es à l'abri.

Une pauvreté structurelle, conséquence des politiques coloniales

Mais comment parler de cette catastrophe humanitaire sans parler de la 
situation de Mayotte, qui explique l'ampleur du désastre que l'on tarde 
à découvrir?

La situation à Mayotte est liée à la déstabilisation de la région suite 
à l'arrachement de l'île au reste des Comores lors du réferendum illégal 
de 1976 et au traçage de frontières françaises au plein milieu de 
l'océan Indien. L'ingérence francaise dans cette zone du monde a 
entraîné une immigration structurelle, des milliers de personnes 
viennent s'entasser dans les bidonvilles de l'archipel pour espérer une 
vie meilleure. Les personnes sans papiers sont parmi les premières 
victimes du cyclone, du fait de leurs habitats de fortune et de la peur 
de rejoindre les abris ou d'aller se faire soigner, depuis que l'île est 
devenu une zone de contrôle géante, où ont lieu 60% des OQTF annuels, et 
où les contrôles d'identité peuvent avoir lieu partout - enièmes 
exceptions juridiques coloniales. On estime que 1 personne sur 3 à 
Mayotte vis dans un bidonville ou un «habitat informel». L'opération 
Wuambushu, prévue en début d'année 2023 n'a eu d'autre effet que de 
renforcer leur situation précaire, notamment par la destruction de 
plusieurs centaines de maisons en deux mois, avec l'appui de l'armée.

Les médias annoncent que 70% des services de la maternité sont 
interrompus depuis le passage du cyclone, mais il ne faut pas oublier de 
s'indigner que l'Agence régionale de santé de Mayotte cherche depuis 
début 2023 à "maîtriser la natalité à Mayotte" et qu'elle a annoncé que 
des stérilisations (ligature des trompes) seraient systématiquement 
proposées aux jeunes mères, mahoraises et comoriennes, venant accoucher 
au centre hospitalier de Mayotte. Ou encore que les femmes n'accèdent 
plus aux soins, même enceintes, par peur d'être expulsées. Ou que l'Aide 
médicale d'Etat n'existe plus dans ce département. Que la mortalité 
infantile est près de trois fois plus élevé qu'en métropole. Que tout 
les services sont en sous-effectif et avec un manque de moyen criminel. 
77% des habitant-es de l'île vivent sous le seuil de pauvreté, les 
services publics sont saturés, l'archipel connaît une crise de l'eau 
depuis 2017 que l'Etat ne cherche pas à régler - comme c'est par 
ailleurs le cas en Guadeloupe. La fabrique juridique de «sans-papiers» 
fait des morts depuis des années, et on estime qu'entre 7 000 et 10 000 
personnes sont mortes en mer depuis l'instauration du Visa Balladur en 1995.

Nous pensons aux victimes du cyclone, aux familles en deuil ou ne 
parvenant pas à contacter leurs proches, aux personnes qui ont vu leur 
maison détruite et leur vie bouleversée. Après la sidération, et au fur 
et à mesure que les informations nous parviennent, une seule certitude: 
le drame humain dans lequel le colonialisme français plonge les 
Mahorais-ses et Comorien-nes doit prendre fin.

Union communiste libertaire, 18 décembre 2024.

Cagnotte de soutien à Mayotte de Sud 
Education[https://www.sudeducation.org/caisse-de-solidarite-en-soutien-a-mayotte-toutes-et-tous-solidaires-des-habitant%c2%b7es-de-mayotte/]

Cagnotte de soutien du secours populaire pour 
Mayotte[https://don.secourspopulaire.fr/mayotte/~mon-don]

Communiqué de février sur la polémique de la suppression du double droit 
du sol à 
Mayotte[https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Mayotte-feu-au-colonialisme-francais]

Racisme d'Etat à Mayotte, Obsédés par le ventre des 
femmes[https://unioncommunistelibertaire.org/?Racisme-d-Etat-a-Mayotte-Obsedes-par-le-ventre-des-femmes]

Interview d'une sage femme à Mayotte dans 
AL[https://www.unioncommunistelibertaire.org/?V-sage-femme-a-Mayotte-Wuambushu-continue-ici-de-facon-tr]

https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Cyclone-a-Mayotte-Un-desastre-humain-une-responsabilite-coloniale
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